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Trauma, ou épisode difficile? Les facteurs de résilience





La salutogénèse définit la capacité d'une personne qui a vécu un épisode stressant à se réguler avec le temps, en prenant en compte les ressources dont elle dispose, les siennes propres et celles de son milieu. La pathogénèse, elle, étudie comment naissent les pathologies (dont les traumatismes)


Différemment équipés face à un coup dur


Nous ne sommes pas tous égaux devant un "coup dur":

- Après un traumatisme, certaines personnes se régulent avec le temps et retrouvent l'équilibre, réintègrent peu à peu les informations traumatiques qu'elles ont vécu, en terme d'émotions ou de sensations. Peu à peu, elles développent des capacités à analyser la situation, à réaliser ce qui s'est vraiment passé, et ont de moins en moins de stress devant le souvenir de cet événement. Parfois, certains semblent l'utiliser comme un tremplin pour évoluer et se transformer (dans ce cas, on parle de "croissance post traumatique": on ne sera plus jamais le même, on ne reviendra pas à la vie d'avant.

- D'autres au contraire, restent traumatisés, et de plus en plus activés dans leurs mémoires traumatiques au fur et à mesure que la vie passe.


Quels sont les facteurs de résilience?


Peter Levine, père de l'approche thérapeutique appelée "Somatic Experiencing", nous dit que les animaux, instinctivement, s'ébrouent après avoir vécu un état de figement (ce qui correspond au moment où les animaux "font le mort" lorsqu'un prédateur ou un grand danger est très proche) Ils ne gardent pas de séquelles traumatiques et "nettoient" ainsi leur système nerveux.

Cette observation animale nous apprend que la composante corporelle et nerveuse est capitale dans la rémission des traumatismes: ainsi, faire du sport, respirer, se connecter à la nature, permettent la libération de ces tensions, et la réintégration progressive des informations restées coincées lors de l'expérience péri-traumatique.


On sait que l'Ocytocine, hormone du lien, entraine la chute du cortisol, hormone du stress, car elle lui est antagoniste. Si nous avons la possibilité de tisser des liens d'attachement et de confiance, c'est une ressource forte contre le stress, émotionnellement mais aussi biologiquement. Le fait d'être écouté de manière bienveillante, entendu, et de pouvoir faire le récit de son épreuve est capital: les relations interpersonnelles donnent des opportunités pour aider à développer des récits, toujours importants dans la croissance post-traumatique parce que le développement de ces récits oblige à développer des afférences corticales, en faisant fonctionner la question du sens d'une expérience, de l'acceptation, des réponses que l'on peut y apporter.


La capacité d'accepter des situations qui ne peuvent pas être changées est également cruciale pour s'adapter aux événements traumatisants de la vie, et cette capacité d'adaptation est un prédicteur de salutogénèse. L'extraversion et l'optimisme peuvent être également de bons facteurs de résilience, garantissant une capacité à concentrer son attention et ses ressources sur les sujets les plus importants, tout en se désengageant de problèmes incontrôlables ou insolubles.


Le sens que nous pouvons donner à ces expériences traumatiques, peut également être vecteur de croissance post-traumatique, car le sens est toujours intégrateur. Les croyances que nous mettons en jeu dans notre rapport au trauma, nous aident, ou bien nous desservent.


Les personnes qui ont dépassé leur traumatisme peuvent repenser à la scène en étant

émotionnellement calmes, elles peuvent être synthétiques, et parler de la scène comme d'un fait autobiographique, et précisément situé dans le temps. Celles qui sont restées dans le trauma sont au contraire soit activées en repensant à l'épisode traumatique, soit dissociées; elles revivent le trauma encore et encore, ou bien au contraire, elles en sont dissociées au point de ne pas s'en souvenir, ou bien encore elles s'en souviennent comme de quelque chose d'irréel.


Au final, nous ne sommes pas tous égaux face aux perspectives post-traumatiques. Les différences individuelles dans les stratégies d'adaptation placent certaines personnes sur une spirale mésadaptée, tandis que d'autres procèdent à une spirale adaptative. La bonne nouvelle, c'est que l'on peut agir sur ces différents facteurs, en tous cas, travailler à diminuer l'écart qui nous sépare de la résilience.

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