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Compassion pour un cerveau très compliqué



Savez vois pourquoi vous pouvez passer d'une position amicale et prompte à plaisanter, à conjoint(e) submergé(e) par ses émotions? et de bon Si l'on considère la structure même du cerveau humain, nous pouvons comprendre qu'il lui est inhérent de faire que nous ne nous sentions pas nécessairement unifiés dans notre identité. Nous sommes faits de diverses orientations, certaines étant centrées sur nos peurs, d'autres, sur nos désirs, et d'autres encore sur la recherche de liens de connexion et de calme.


Différents systèmes de motivation

Ainsi, nous ne sommes pas "un", mais "plusieurs" cerveaux qui co-habitent et co-agissent en nous, définissant différents systèmes motivationnels qui ont chacun leurs intérêts, leurs modes, leurs priorités.


Voici donc ici détaillés ces différents systèmes et leurs modes de fonctionnement:

  • Un système centré sur l’apaisement, la sécurité et la recherche de lien avec les autres, support du développement affectif et spirituel de l’espèce.

  • Un système centré sur les besoins et des pulsions, dévolu au développement de l’espèce (nourriture, reproduction, expansion géographique, plaisir, excitation)

  • Un système centré sur les menaces qui permet de prendre des décisions rapides pour échapper au danger et qui était destiné à l’origine à favoriser la survie de l’espèce


1 - Le "Système des menaces"

Ce système est donc régi par la recherche de protection et de sécurité. Il correspond au cerveau le plus archaïque en nous, le cerveau reptilien, qui gouverne notre système d’alarme en vue de maintenir notre survie et de nous prémunir des dangers. Lorsqu’il est activé, nous sommes toujours aux aguets, anxieux, angoissés, parfois massivement, dans la peur du lendemain, de la mort, de l'avenir, de tous les risques potentiels, et jamais dans le présent. Il est facilement suractivé dans nos sociétés où il faut être combatif et compétitif.

Il peut être activant (on peut lutter ou fuir: on s'agite dans le stress) ou bien inhibant (on est paralysé, sidéré par l'angoisse, incapable d'agir). En termes de neurophysiologie, il fonctionne sur le système de l’adrénaline et du cortisol, neurohormones du stress.

Lorsque nous ressentons un danger, ce système augmente son activité. Quand nous subissons un défi, un stress, nous essayons d’abord de parler, de négocier si c’est possible; puis nous passons en mode combat/fuite, ce qui peut générer diverses émotions soit dans le champ de de l’agressivité/ colère (irritation, frustration, colère puis rage) soit de l’anxiété (inquiétude, préoccupation, peur, panique). Enfin, si le stress continue et que nous ne trouvons pas de solution adaptative, nous nous bloquons, et nous entrons alors dans un état qui correspond à la sidération (impuissance, désespoir, engourdissement, honte, dépression, orientation vers la mort). Il faut savoir que toutes ces émotions, ces états mentaux, sont d’abord le résultat de processus physiologiques et adaptatifs par rapport à notre environnement. C’est ce que nous apprennent les dernières recherches en psychologie, et elles nous ouvrent également des voies libératrices pour calmer et désactiver ces systèmes, et privilégier le 3e système, qui comme nous le verrons, est une voie prometteuse d’harmonie, de confiance et de retour à l’intériorité.


2 - Le Système des conduites

Celui-ci est régi principalement par la recherche de stimulations, de récompenses, de plaisir. Il est sur stimulé dans nos sociétés, et fonctionne sur la dopamine; il est activant.

Il nous pousse à vouloir faire toujours plus, consommer toujours plus, vouloir plus, de manière insatiable, car ce système a besoin de toujours plus pour pouvoir s’auto-entretenir. Le prototype en est la personne addicte à son travail qui termine en burnout à force de s'être brûlée dans une tâche intense dans laquelle elle a pris un certain plaisir à étendre son prestige social, ses moyens financiers, ses connaissances, ses relations, mais souvent au prix d’une vie au final dénuée de sens, de valeurs, et en ayant sacrifié bien des liens affectifs et son intériorité. A l'extrême, c'est ce système encore qui nous pousse à détruire la planète emportés sur notre lancée sans pouvoir nous arrêter.


Sur un plan physiologique, la structure responsable est le striatum, qui contient les structures du Noyau caudé et du Putamen et se trouve sous le cortex, et qui contrôle le système de récompense du cerveau en relarguant de la dopamine lorsqu’une activité lui convient, procurant ainsi un sentiment de plaisir et renforçant les circuits neuronaux qui ont supervisé cette activité avec succès. Cette recherche de plaisir a pour but primordial la survie de l’espèce et la transmission des gènes.

Le cerveau humain, sur cette base de plaisir/récompense, s’est habitué à poursuivre 5 objectifs : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, étendre son territoire, s'imposer face à autrui.

Le striatum est aux commandes d'un cerveau toujours plus performant (l'homme s'est imposé comme le mammifère dominant de la planète) et réclame toujours plus de récompenses pour son action, tel un drogué qui ne peut discipliner sa tendance à l'excès.

Le neurophysiologiste Sébastien Bohler, dans son ouvrage “Le Bug Humain”, nous explique comment cette structure cérébrale a fini par enfermer l’homme dans un système qui se retourne contre lui même: à rechercher toujours davantage, il reste dans une vision à très court terme, sans vision large de son existence ni perspective. Car le striatum n’est pas conçu pour se limiter: pour produire chaque fois du plaisir, il est nécessaire d’avoir un résultat supérieur aux attentes, afin de recevoir plus de dopamine à l’anticipation et à la réalisation, car dans le cas contraire, il y a une habituation et une extinction du plaisir.

Le striatum est aveugle au temps. Une récompense à venir dans 1 an ou 10 ans,ne produira aucune décharge de dopamine. C’est pourquoi le fait de connaître nos intérêts à long terme, ne suffit pas pour agir efficacement et de manière adéquate à ces intérêts dans le présent, car nous choisissons le plaisir. «Le plaisir et la facilité que nous pouvons nous offrir maintenant ont cent fois plus de poids dans nos décisions que la considération d’un avenir lointain. » (S. Bohler) De ce point de vue, nous sommes avec un cerveau qui a été pendant des millions d’années notre meilleur allié mais qui peut être aussi notre pire ennemi et travailler contre nos intérêts en nous poussant à rechercher le plaisir sans être connectés à nos intérêts supérieurs et à notre sagesse.


Nous voyons bien que ces deux systèmes liés à la survie, le système des menaces et le système des conduites, sont sur-mobilisés en permanence. Ces structures correspondent à des structures cérébrales anciennes qui fonctionnent chacune de manière autonome et pas nécessairement intégrée par une vision unificatrice du propos de l’homme sur terre et de sa dimension spirituelle. Le mental a également une responsabilité importante dans cet emballement en raison de sa tendance à surenchérir, commenter, réagir indéfiniment à tout ce qui se passe dans le champ de conscience.



3 - Le Système d'apaisement

Il est basé sur la sécurité et la gentillesse, le lien, la coopération, la gratitude. Il permet de nous reposer dans notre intériorité, d'activer une vie plus lente et riche de sens. Lorsque nous sommes au repos, que nous ne sommes pas menacés, nous pouvons nous engager spontanément avec l’environnement, les autres et nous-mêmes. En sécurité avec les autres, nous pouvons alors communiquer de manière ouverte et confiante, établir un contact visuel, sourire, être disponibles et à l’écoute. Ce système est celui avec lequel nous allons basculer sur les valeurs du coeur, dans un état de confiance et d’ouverture, au service de nos intérêts supérieurs, de la sagesse, et que nous pourrons choisir de vivre une vie selon une perspective compassionnée. Savoir se reposer dans ce système émotionnel est la condition de départ pour pouvoir développer une spiritualité épanouie ancrée dans les valeurs nobles du coeur.


Physiologiquement, il repose sur l'ocytocine et les endorphines, qui sont des hormones apaisantes. Quand on visualise le système nerveux autonome en regardant du haut vers le bas de l’organisme, on voit une échelle de fibres nerveuses qui va du cerveau au cœur. Il n’y a pas que le flux sanguin, mais une énergie électromagnétique très importante.


Le système nerveux autonome au niveau du cœur prend tout son intérêt, car c’est par cette voie d’entrée que nous allons pouvoir solliciter, stimuler ce 3e système émotionnel. Le cœur a son propre système nerveux que nous pouvons considérer comme une sorte de cerveau, fait de 40000 neurones. Ce que nous savons d’après les recherches de l’institut HeartMath, c’est que le champ énergétique du cœur est plus puissant que le champ énergétique du cerveau (jusqu’à 5 000 fois plus puissant), et le plus puissant du corps. Il s’étend sur un périmètre de 3 à 5 mètres autour du corps. Le cœur envoie davantage de messages vers le cerveau que le cerveau vers le cœur. Ces éléments interrogent quant à une possible suprématie du coeur sur tout le reste.


Quelles relations entretiennent mutuellement ces trois systèmes?

Ce sont trois systèmes adaptatifs nécessaires à la vie, et pour cette raison ils interviennent tous à leur niveau. Mais ils peuvent être plus ou moins activés de manière permanente selon les individus et les situations que nous avons à vivre, de manière plus ou moins inadaptée, comme des dérèglements qui nous poussent à développer des comportements, des pensées et des émotions eux aussi, inadaptés aux situations.

Chez certaines personnes, c’est le système de menaces qui est devenu véritablement le pilote de toute la vie psychique, et ces personnes vivent toute leur vie à travers le prisme déformant de l’anxiété, voyant la vie comme quelque chose de dangereux contre quoi il faut se prémunir et se protéger.

Chez d’autres, c’est le système des conduites qui gouverne. Il y a différentes manières de mener une vie régie par le système des conduites, mais le dénominateur commun est une recherche de stimulation, et de récompense par le plaisir. Cela engendre un renforcement des comportements ainsi récompensés, qui bien souvent ne vont pas dans le sens de nos intérêts profonds et à long terme.

Souvent ces systèmes sont activés par défaut et de manière quasi permanente, faute de ne pas être en capacité de "switcher" de l'un à l'autre de manière fluide. Le 3° système est vulnérable au stress et aux traumatismes; toute thérapie va consister, par les moyens et les techniques qui lui sont propres, à redonner du pouvoir et de la marge de manoeuvre au fait de savoir s'apaiser et s'autoréguler en situation de stress, amener dans sa vie une flexibilité qui nous rend capable de revenir "à la maison" en nous quoi que nous vivions, en faisant d'une part la paix avec un passé compliqué ou traumatique, et d'autre part, en acquerrant des compétences pour se détendre et revenir à soi, dans l'intériorité de son être.




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